16 octobre 2018 0 12595 Vues

Babesiose, le point sur ce co-infectant

synonyme : piroplasmose

Le parasite :

Babesia est l’un des co-infectants les plus fréquents transmis par les tiques…

Cet organisme en forme de poire, de type plasmodium  a été  détecté en 1888 par Victor Babes chez des bovins souffrant d’hémoglobinurie fébrile ( passage de l’hémoglobine de globules rouges éclatés dans les urines ).

Environ une centaine de variétés de babesias ont été découvertes jusqu’à présent. Ces variétés sont regroupées en deux grandes familles morphologiques : les petites babesias, qui mesurent entre 1 et 2,5 µm et les grandes babesias entre 2,5 et 5 µm. Repère : un globule rouge mesure 7 µm de diamètre.Chaque espèce de babesia à un hôte de prédilection mais il n’y a pas de barrière d’espèces. Toutes les babesias sont transmissibles à tous les animaux et à l’homme.

Babesia Microti – les hommes et petits rongeurs
Babesia Divergens et Bovis – les bovins
Babesia Canis – les chiens
Babesia Equi – les chevaux

Dans le sud de l’Allemagne   8% de la population est  infectée par la seule variété Babesia Microti.

En France, «il n’y aurait pas de babésiose» ! selon certains. Comme on ne fait que très très peu d’analyses de cette infection, il y a peu de chances d’en trouver !

Il faut toute de même signaler que les « Recommandations de Bonne pratiques » de la Haute Autorité de Santé évoquent 15  cas en France, le CDC affichait déjà  de l’ordre de 2000  cas en 2014. Il y a donc un problème !

 

Cycle biologique de Babesia,

La maladie :

Il s’agit d’une parasitose des globules rouges. Elle ne s’exprime cliniquement que chez les immunodéprimés et les splénectomisés. ( sujets qui n’ont plus de rate)

Explication : la rate élimine les globules rouges infectés et joue un grand rôle dans le contrôle de l’infection. C’est pourquoi cette infection est bien plus dangereuse pour les personnes n’ayant pas de rate.

Les Babesia sont transmis par les tiques mais peuvent également être transmis par transfusion sanguine, peut-être par greffe d’organe et de façon congénitale.

Femmes enceintes : La babesiose peut être transmise in-utero de la mère à l’enfant et provoquer des malformations.

La babesiose  se traduit par une anémie hémolytique grave ( éclatement des globules rouges).

La présence de Babesia est également à l’origine de réactions immunitaires complexes qui peuvent gravement perturber le fonctionnement de divers organes : reins, articulations, poumons, muscles, cœur, foie, yeux…

 Les symptômes cliniques sont : fièvre,frissons, douleurs musculaires ; si l’infection est aiguë : jaunisse  et urines de couleur café à rouge ( hémoglobinurie)

Beaucoup de ces symptômes sont communs à la maladie de Lyme, ce qui rend le diagnostic de co-infections (Lyme +Babesiose) plus difficile.

Les babesias  réduisent la faculté du système immunitaire à lutter contre la maladie de Lyme. C’est pourquoi, en cas de co-infection, les symptômes sont plus importants.

L’infection asymptomatique peut persister pendant des mois ou des années et rester infra-clinique pendant toute son évolution chez des personnes par ailleurs en bonne santé par ailleurs, en particulier vers <40 ans.

Lorsqu’elle est asymptomatique, la maladie débute généralement après 1 ou 2 semaines d’incubation par une sensation de malaise, une fatigue, des frissons, de la fièvre, une céphalée, des myalgies, des arthralgies qui peuvent durer plusieurs semaines. Une hépatosplénomégalie (‘augmentation du volume du foie) avec un ictère (jaunisse), une anémie hémolytique légère à modérément grave, une neutropénie discrète ( globules blancs de la catégorie des granulocytes)et une thrombopénie ( diminution des plaquettes) peuvent être observées.

L’infection est parfois mortelle, en particulier chez le patient âgé, le patient splénectomisé ( qui n’ a plus de rate) et celui qui souffre de SIDA ; « les formes impliquant B. divergens semblent plus sévères avec une mortalité élevée, des symptômes généraux importants et une hémolyse avec CIVD (coagulation intravasculaire dissémine)et des atteintes neurologiques. ( PNDS) ». Chez de tels patients, la babésiose peut ressembler au paludisme à Plasmodium falciparum, avec fièvre élevée, anémie hémolytique, hémoglobinurie, ictère et insuffisance rénale. La splénectomie (ablation de la rate) peut rendre symptomatique une parasitémie asymptomatique.

Stratégie thérapeutique.

Chez les patients présentant une babesiose symptomatique (fébrile), le traitement recommandé en première intention est une bithérapie associant azithromycine et atovaquone pendant 7 à 10 jours. Des rechutes ou un terrain immunodéprimé peuvent nécessiter un traitement prolongé. (extrait du PNDS)

Diagnostic.

Le diagnostic direct utilise la même technique que pour la détection du paludisme : observation minutieuse d’un frottis sanguin coloré au May Grunwald Giemsa. Chez une personne en bonne santé le nombre de globules infectés par les petites Babesia est faible (de l’ordre de quelques pour cents voir pour mille) c’est pourquoi, si on veut détecter le parasite au microscope en faisant un frottis, il faut y passer beaucoup de temps. *

Diagnostic direct sur frottis sanguin Source :keywordsdoctor.com

Le  diagnostic indirect (sérologie) est complémentaire ( technique par immunofluorescence )

Il n’y a pas de standardisation pour la sérologie babesiose et l’approche est empirique.

Prix de la recherche : 40  euros non remboursés  depuis le 01/06/2018

Biomnis Lyon a augmenté le prix du test , qui est passé de  12 à 40 euros à la demande du CNR selon le Pr Perronne. Ils justifient cette augmentation car  elle  reflète les coûts réels, elle permettra de financer des études visant à améliorer la fiabilité de ce test, en liaison avec le CHRU de Strasbourg  ainsi que les travaux rendant possible l’accréditation du test par le COFRAC.

Le laboratoire du CHRU  de Strasbourg propose également des tests /Babesiose.

– Examen direct sur frottis sanguin et goutte épaisse colorés au MGG

– Sérologie Babesia divergens à la recherche d’anticorps

– PCR Babesia divergens/Babesia microti.

Une étude est en cours pour harmoniser la technique avec celle du CHRU de Strasbourg.

En Allemagne, la Babesiose est recherchée entre autres par PCR .

Aux Etats  c’est la technique  FISH (Fluorescent In-Situ Hybridization) qui détecte l’ARN ribosomal  de Babesia sur un frottis sanguin.

Chez le chien

Les deux techniques les plus utilisées de nos jours sont la recherche des parasites sur frottis sanguin et la PCR. Ce dernier test est plus sensible que celui du frottis sanguin, mais peut quand même ne pas détecter le parasite chez certains malades.

Il  faut garder à l’esprit qu’un chien qui a déjà été traité pour une piroplasmose n’est pas protégé contre les réinfections

Source :Escap.fr

Compléments d’information :

  1. La babesiose quasi inconnue par les médecins et pourtant très répandue. Émission radio de 29 ‘ 47  » de Media’tiques mars 2014

https://www.youtube.com/watch?v=34QC4nCtXyw

  1. Site Medscape ++++  mise à jour juillet 2018

https://emedicine.medscape.com/article/212605-overview

 * Babesia species in the host erythrocyte range from 1 to 5 µm in length. B microti measures 2 × 1.5 µm, B divergens measures 4 × 1.5 µm, and B bovismeasures 2.4 × 1.5 µm. As noted, the organisms are pear-shaped, oval, or round. Their ring form and peripheral location in the erythrocyte frequently lead to their being mistaken for Plasmodium falciparum. However, they differ from P falciparum in that the schizogony is asynchronous and massive hemolysis does not occur.

 

Previous Le petit Jules : derrière le diagnostic d'autisme se profilent de multiples infections qui ont mis à mal son système immunitaire et perturbé tout son développement.
Next ALD hors liste (affection longue durée)