Decazeville. «La maladie de lyme m’a coupée de tout»
Témoignage
Peu d’entre nous connaissent la maladie de lyme, une infection bactérienne transmise à l’homme par une piqûre de tique. Suzanne, une Viviézoise, en souffre depuis le 6 avril 2008, jour où elle a emmené son chien en balade aux alentours de la forêt de la Vaysse. La maladie a d’abord été identifiée sur ce dernier, qu’un vétérinaire de Montbazens a sauvé de justesse trois jours après la morsure. «La nuit suivante, j’ai ressenti les mêmes symptômes, notamment une forte fièvre», explique Suzanne, qui consulte aussitôt. Le diagnostic n’est pourtant posé qu’un an après, suite à de multiples tests et d’innombrables séjours dans les hôpitaux de la région.
«Invalidante petit à petit»
«Je souhaite dénoncer la méconnaissance de cette maladie par des médecins qui refusent de faire des recherches», condamne Suzanne.
Quatre ans après cette piqûre, la maladie a eu le temps de s’installer. «Elle devient invalidante petit à petit», explique Suzanne qui souffre désormais d’arthrite, de douleurs articulaires, de déformation des genoux, de problèmes pulmonaires et aux oreilles. Sur le plan neurologique, elle connaît des troubles de l’orientation et de l’équilibre, ainsi que des problèmes de concentration. «Avec cette maladie, l’entourage peut penser qu’on devient fou. Une de mes amies s’est éloignée de moi car elle pensait que j’étais devenue alcoolique, mon compagnon m’a quittée suite à mes sautes d’humeur. Aujourd’hui, je me retrouve seule», regrette Suzanne. Après un stade de crises qui la tétanisaient et la clouaient au lit, elle ressent aujourd’hui, outre les douleurs physiques, une immense fatigue chronique. «C’est une maladie qui vous coupe des autres et du monde», dénonce-t-elle.
Mise sous tutelle
À tous ces soucis de santé, s’ajoutent ceux matériels. «Avant d’être malade, j’étais contrôleuse en mécanique chez Forest Liné à Capdenac. Aujourd’hui, déclarée invalide à 100%, je me retrouve en situation de précarité. J’ai même dû faire piquer mon chien, en août dernier, car je n’avais plus les moyens de payer son traitement», déplore Suzanne.
Depuis quelque temps, cette dernière doit faire face à une nouvelle épreuve. «Ma proche famille a profité de mon dernier séjour à Purpan pour entamer une mise sous tutelle, prétendant que je ne suis pas capable de m’occuper de moi. Elle a pour cela fait une fouille en règle de mon domicile, emportant tous mes papiers. Aujourd’hui, il ne me reste que mon portefeuille contenant mes papiers d’identité», peste Suzanne qui remue ciel et terre pour faire annuler cette démarche. «Si je suis sous tutelle, je perds ma liberté», s’écrie-t-elle.
Aujourd’hui, Suzanne aimerait rencontrer des personnes atteintes de cette maladie. «à plusieurs, on se sent plus fort. J’appelle à l’aide car aujourd’hui, je n’ai plus la force de me battre».
Sylvie Ferrer