18 mai 2018 0 3337 Vues

Lyme : le grand bazar des tests de diagnostic

LE FIGARO.fr Santé
Par Anne-Laure Lebrun
Mis à jour le 16/05/2018 à 19:55
Publié le 16/05/2018 à 19:26

La bactérie Borrelia, responsable de l’infection de Lyme, maîtrise l’art du camouflage et de la prestidigitation pour ne pas être détectée par le système immunitaire et passer inaperçue.

Maladie de Lyme ou pas? C’est un diagnostic qui rendrait perplexe le Dr House. Face à un patient présentant une grande fatigue, des douleurs articulaires, des atteintes cardiaques et/ou neurologiques, le célèbre médecin boiteux multiplierait les examens et prises de sang. Mais dans le cas de cette maladie infectieuse transmise par la piqûre d’une tique, il est peu probable que la réponse vienne du laboratoire.

La bactérie Borrelia, responsable de l’infection, maîtrise l’art du camouflage et de la prestidigitation pour ne pas être détectée par le système immunitaire et passer inaperçue. «L’organisme produit alors peu d’anticorps. Or les tests utilisés en laboratoire, baptisés Élisa et Western Blot, recherchent ces molécules dans le sang, explique Sandrine Capizzi-Banas, maître de conférences en parasitologie à la faculté de pharmacie de Nancy. On ignore si cette défaillance du système immunitaire est provoquée par la bactérie ou si les personnes qui développent Lyme sont plus fragiles.»

À cette limite biologique s’ajoutent aussi les contraintes techniques. Même lorsque des anticorps anti-Borreliasont présents dans le sang, les résultats peuvent être négatifs. «Des travaux menés par des chercheurs britanniques de l’Imperial College de Londres ont montré que la sensibilité ne dépasse pas 60 %, relève le Pr Christian Perronne, spécialiste des maladies infectieuses à l’hôpital de Garches. En outre, les tests ne recherchent que trois bactéries responsables de Lyme, alors que l’on sait qu’une dizaine d’agents pathogènes sont responsables de cette maladie.» Une limite déjà soulignée par le Haut Conseil à la santé publique (HCSP) en 2014.

Traitement antibiotique

Traquer l’ADN de la bactérie est une autre piste de diagnostic de la borréliose de Lyme. Elle est notamment utilisée dans quelques labos allemands. Mais là encore elle mène souvent à un cul-de-sac. «L’amplification de l’ADN par PCR est efficace pour détecter le VIH, par exemple, car le virus est très présent dans le sang. Mais ce n’est pas le cas avec la bactérie Borrelia. Les résultats peuvent donc être négatifs alors que le patient est bel et bien atteint de Lyme», commente l’infectiologue.

Mais alors pourquoi continuer à pratiquer ces tests? Et comment être sûr qu’un patient souffre de Lyme? Il faut se fier à la clinique, répondent les deux spécialistes. «Les tests sérologiques ne sont pas la solution. Ils ne permettent pas d’identifier correctement les malades. Leur seul intérêt est de distinguer l’infection par Borrelia d’une sclérose en plaques, de pathologies infectieuses ou de réaction auto-immunes, qui peuvent entraîner des symptômes similaires à ceux de Lyme», commente Sandrine Capizzi-Banas, qui rappelle, au passage, que l’utilisation de ces tests de diagnostic est exigée des malades par la Sécurité sociale pour rembourser leurs soins.

Reste qu’en pratique, le test de diagnostic le plus efficace semble être le traitement antibiotique. «Les patients présentant un érythème migrant (signe absent dans un cas sur deux) doivent recevoir un traitement antibiotique immédiatement. De même que les patients présentant les symptômes de la borréliose. Et si leur état s’améliore, c’est qu’il s’agissait de Lyme», explique le Pr Perronne.

 

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