« Quand Big Pharma prend notre santé en otage » – Blog Laurent VERCOUSTRE – Le Quotidien du médecin – 12-07-2020
Hier gynécologue-obstétricien à l’hôpital du Havre, aujourd’hui à la retraite, le Dr Vercoustre, passionné de philosophie, lecteur enthousiaste de Michel Foucault et auteur de plusieurs ouvrages, s’est engagé depuis de nombreuses années dans une réflexion sur le monde médical. […]
« La politique de la France ne se fait pas à la corbeille » disait de Gaulle. Aujourd’hui c’est notre santé qui se joue à la bourse. Les grandes firmes pharmaceutiques ont pont pour finalité non pas la santé des populations mais le profit. Si le la pandémie du covid-19 est vécue de par le monde comme une catastrophe sanitaire, elle est perçue par le laboratoire Gilead comme la promesse d’un marché planétaire et de bénéfices colossaux.
Gilead attendait cette aubaine depuis plusieurs années et se préparait à une vaste opération commerciale pour promouvoir son antiviral le remdesivir. Avec le covid-19, l’occasion était trop belle, le laboratoire se devait d’imposer le remdesivir par tous les moyens. Il lui fallait d’abord se garantir le soutien des grandes institutions. Au mois de janvier 2020, Gilead obtient le soutien de l’OMS, dès le mois de février, aux États-Unis, celui du celui du National Institute of Allergy et de son célèbre directeur Anthony Fauci. En France ce sont, au mois de mars, les membres les plus influents du Conseil Scientifique puis ceux du Haut Conseil de la Santé Publique qui cautionnent le remdesivir. Le 25 juin dernier, l’Agence européenne des médicaments (EMA) recommande le médicament.
Gilead va plus loin, il crée le besoin en laissant entrevoir un risque de pénurie, et ainsi l’acheteur se précipite pour faire son stock « au cas où ». C’est ainsi que Gilead a obtenu des américains une commande massive de leur produit et que l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) s’est empressée de faire savoir que « La France s’est assurée de de la disponibilité de doses suffisantes de ce médicament ».
Mais il y a une ombre au tableau : c’est l’hydroxychloroquine. Cette vielle dame de notre pharmacopée, promue par le professeur Raoult, risque bien d’anéantir les rêves de Gilead. D’autant que son prix est dérisoire comparé à celui du remdesivir : la dose de médicament est produite pour un coût d’environ 10 $, mais Gilead a fixé le prix à 390 $ par flacon dans tous les pays développés, soit 2 340 $ pour un traitement normal de six flacons en cinq jours. Le nombre de personnes dépistées positives au coronavirus dans le monde dépasse 10 millions, le bénéfice potentiel se chiffre donc en dizaines de milliards de dollars.
Gilead, pour arriver à ses fins, doit donc déconsidérer toute solution alternative. Pour discréditer son ennemi numéro 1 l’hydroxychloroquine, tous les moyens sont bons. Ce vieux médicament prescrit dans le monde entier depuis des décennies s’est vu attribuer une redoutable toxicité cardiaque. Pourtant les études ne manquent pas pour montrer la bonne tolérance globale de l’hydroxychloroquine. Le Professeur Éric Chabrière rappelle qu’une étude sur 800 femmes enceintes a démontré l’innocuité du médicament. L’énormité du mensonge devrait plaider pour l’hydroxychloroquine et on comprend mal l’incroyable inconscience de nos responsables politiques qui ont interdit chez nous la prescription du médicament…. D’autant que dans le même temps des études montrent des effets indésirables du remdesivir et une efficacité toute relative. A supposer que l’efficacité de hydroxychloroquine soit définitivement prouvée, on peut s’attendre à un véritable lynchage de nos politiques ! Si l’on regarde les dernières publications, le vent est en train de tourner en faveur de l’hydroxychloroquine !
On peut suivre le match remdesivir hydroxychloroquine à travers les fluctuations de l’action Gilead à la bourse. Avec le début de la pandémie, l’entreprise qui pesait 100 milliards de dollars, a bénéficié d’une valorisation de 30 milliards de dollars. Depuis l’action fluctue en fonction des annonces. Quand l’université de Chicago communique des résultats prometteurs pour le remdesivir et quand le conseiller de Donald Trump Anthony Faucy soutient le médicament l’action s’envole. Les baisses de l’action sont corrélées aux publications de l’IHU de Marseille. L’ampleur de ces fluctuations est de l’ordre de 10 milliards de dollars.
La combat qui oppose Gilead à Didier Raoult tient du combat de David contre Goliath. Du côté de Gilead le lobbying marche à fond. Il est soutenu par certaines revues qui ont publié des articles falsifiés. Je ne reviendrai pas sur Lancet Gate qui illustre la crise scientifique que nous traversons. Ce lobbying est aussi le porté par des médecins qui tiennent des rôles consultatifs ou exécutifs dans les hautes instances (Conseil Scientifique, Haut Conseil de la Santé Publique). France-Soir, dans un article qui a fait sensation, dévoile le Top 13 du classement des revenus récents versés par l’industrie pharmaceutique à la communauté médicale[1]. Les 13 médecins ont reçu des sommes plus ou importantes de Gilead et ont participé à la promotion du remdesivir ou ont critiqué l’hydroxychloroquine. « La Palme d’Or revient au Pr François Raffi de Nantes. 541.729 €, dont 52.812 € de Gilead. Est-ce un hasard si on nous apprend que le coup de téléphone anonyme pour menacer Didier Raoult, s’il persistait avec l’hydroxychloroquine, est parti du téléphone portable du service d’infectiologie du CHU de Nantes, dont François Raffi est chef de service ? Sûrement une pure coïncidence ».
Les conditions qui ont été imposées au traitement de Marseille pour être reconnues comme valides sont totalement différentes de celles qui ont été accordées au remdesivir. Celui-ci bénéficie en effet de facilités scandaleuses quant à sa recommandation par l’agence européenne des médicaments. Il y a une inégalité de traitement tellement spectaculaire qu’on ne peut voir dans cette différence que le jeu d’un travail d’influence et de manipulation des autorités.
Le choc entre Gilead et L’IHU de Marseille, personnalisé par Didier Raoult, a mis au grand jour dans l’espace public les manœuvres frauduleuses qui gangrènent notre médecine. Le phénomène ne date pas d’hier. Déjà en 2005, la chambre des communes du parlement britannique avait publié un rapport extrêmement approfondi. Ce rapport concluait que les intérêts de l’industrie pharmaceutique primaient sur la santé des populations. Big pharma a infiltré les étages décisionnels à tous les niveaux de la formation, de la recherche, de l’enseignement et des décisions politiques. Espérons que Didier Raoult et son hydroxychloroquine gagne la partie et inflige à big pharma sa plus retentissante défaite !
[1] http://www.francesoir.fr/societe-sante/top-13-des-revenus-annuels-recents-verses-par-lindustrie-pharmaceutique?fbclid=IwAR3q6a3kC8ox9hgO5xmwkvUNPQVzSiwQchlZG8ueFHvZUnDEJEFspu7BYJ0